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Le voilier cargo Grain de Sail met le cap sur New-York, un deuxième cargo en chantier

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Le voilier cargo Grain de Sail appareille de Saint-Malo ce vendredi pour acheminer à la voile et jusqu'à New-York des vins et spiritueux. La société de Morlaix voit encore plus gros et plus loin, avec un deuxième cargo en chantier.

Le voilier Grain de Sail fait 24 mètres de long. Le voilier Grain de Sail fait 24 mètres de long.
Le voilier Grain de Sail fait 24 mètres de long. © Radio France - Maxime Glorieux

Ce n'est encore qu'un grain de sable dans l'immensité du transport maritime, mais le transport de marchandises à la voile séduit de plus en plus d'entreprises. Parmi les pionniers, Grain de Sail, la chocolaterie de Morlaix, qui depuis trois ans transporte notamment du cacao sur son premier voilier cargo. Un deuxième, plus imposant et plus adapté au marché en expansion, est en construction.

"Plus tout à fait de l'exceptionnel"

Ce vendredi, le premier cargo appareille de Saint-Malo pour rallier New-York, chargé de vins et spiritueux. Stefan Gallard est le directeur marketing de la société morlaisienne. Voyage retour via les Antilles pour déposer du matériel humanitaire et retour en Bretagne, cap sur Morlaix, les cales lestées de cacao et de café.

France Bleu Breizh Izel : Le transport de marchandises à la voile, ça commence à bien marcher.

Stefan Gallard : Le transport par voilier cargo n'est plus tout à fait de l'exceptionnel, on a tenté de rendre ça quasiment normal, même si cela a toujours un petit côté surprenant et aventure.

Vous êtes rentable ?

Oui, mieux que ça, ça fait déjà trois ans que le premier voilier cargo est en opération, mais un deuxième est actuellement en cours de construction et sera livré à la fin de l'année. Pour financer tous ces projets intensifs en termes d'investissements, ça veut dire que l'entreprise est capable de dégager de la marge et est donc rentable. C'est une condition sine qua none : la dimension écologique du projet est très importante, mais elle doit reposer sur un équilibre financier.

Le concept crée des envies un peu partout, dernièrement François Gabard et son entreprise Mer Concept ont annoncé un projet dans ce sens ?

On a un peu frayé le chemin avec notre premier voilier cargo et le deuxième qui arrive. Si ça peut créer des émules, c'est très bien. L'objectif est évidemment de pouvoir décarboner le transport maritime. Plus on est nombreux, plus il y aura de solutions, plus on aura d'options à présenter sur le marché, plus les clients vont s'engouffrer là-dedans et plus, on sera capable d'avoir un impact majeur. C'est une très bonne chose.

"Le greenwashing est toujours un risque"

Vous allez transporter des produits de luxe, des vins, des spiritueux. Pour les marques qui vous sollicitent, ce n'est pas une façon de s'acheter une belle étiquette, ce n'est pas du greenwashing ?

Le greenwashing est toujours un risque. On travaille principalement avec des entreprises qui sont déjà en avance sur le sujet et qui prennent ça à cœur, ce sont vraiment des projets d'entreprise. On est très cohérents dans la démarche avec les chocolats, les cafés. Le voilier, ça permet de rendre le transport maritime décarboné d'autant plus accessible. À nous aussi d'être vigilants, mais ça fait partie de cette transition vers du transport écologique. C'est plutôt une bonne chose si tout le monde se penche dessus, même si certains ne le feront peut-être pas forcément pour les bonnes raisons au début.

Ça coûte plus cher, toutes les entreprises ne peuvent pas se le permettre.

Mais il y a de plus en plus d'entreprises et c'est ça qui est assez surprenant. Depuis trois ans maintenant que l'on est en opération, on a vraiment eu beaucoup de sollicitations. Le transport reste encore aujourd'hui plus cher par un voilier cargo, ce qui est induit par la taille des navires. On a une approche qui vise à décarboner autant que possible le transport, à plus de 95 % dans notre cas, ça nécessite d'avoir des navires plus petits. Et un navire plus petit est forcément moins efficace financièrement qu'un navire très grand où on va pouvoir mettre des tonnes et des tonnes de marchandises. Pour l'instant, la limite de l'exercice reste sur des produits à forte valeur ajoutée et on espère qu'à terme, des solutions permettront justement d'élargir ce panel et de transporter beaucoup plus de typologies de marchandises.

"Un deuxième navire, plus grand, de 52 mètres"

En 2021, vous importiez à la voile 55 % de la masse de cacao utilisée pour votre chocolaterie. Avec le deuxième cargo en construction, vous espérez atteindre les 100 % ?

C'est tout à fait l'objectif pour Grain de Sail. Le premier navire a le mérite d'exister, mais c'est un peu un prototype. Il était effectivement trop petit par rapport à nos besoins. On a embrayé très rapidement sur la construction du deuxième voilier cargo, un navire beaucoup plus grand, 52 mètres, 350 tonnes de capacité de chargement, ce qui nous permettra de transporter la totalité de nos matières premières, que ce soit sur les cafés ou sur le chocolat jusqu'à Morlaix, et de manière complètement décarbonée.

Combien y a-t-il de membres d'équipage sur un voilier cargo ?

Ce sont des officiers de marine marchande qui travaillent côte à côte avec des experts de la voile. Il y a une partie administrative, une partie diplôme qui est nécessaire et l'expérience de la voile aussi très importante. Ce sont des équipages mixtes. On en a quatre à bord actuellement sur le petit navire et sur Grain de Sail II, le plus gros, ce seront six marins et un cuistot à bord.

New-York, c'est un rêve ?

C'est symbolique, ça fait plaisir et c'est toujours un peu mythique quand on arrive là. On se sent très petit quand on arrive et pourtant, c'est un peu l'effet papillon ou l'effet voile ! Il y a une prise de conscience, même aux États-Unis. Et le faire avec des vins français, des vins bio français, ça permet d'aller encore plus loin dans la démarche et ça donne un produit concret, plaisir que les gens peuvent s'approprier et aller plus loin dans leur propre démarche individuelle.

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