'Algama' : des algues pour remplacer les protéines animales à moindre impact pour la planète

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'Algama' : des algues pour remplacer les protéines animales à moindre impact pour la planète

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Plus écologiques, les algues sont une alternative crédible aux protéines animales
Plus écologiques, les algues sont une alternative crédible aux protéines animales
- Algama

Demain l'éco. Avec ses deux laboratoires de recherche et son atelier de transformation, la jeune entreprise installée à Malakoff imagine l’alimentation du futur. Spécialisée dans les algues, elle élabore des recettes 100% végétales respectant l’environnement pour répondre aux enjeux de l’alimentation durable.

Avec plus de 7 milliards d’habitants aujourd’hui et près de 10 milliards en 2050, la demande alimentaire mondiale ne cesse de croître. Or, l’agriculture et plus généralement l’alimentation ont des impacts importants sur l’environnement. En France, l’alimentation représente environ 27 % de l’empreinte carbone des ménages. C’est le premier poste d’émission de gaz à effet de serre devant les transports et le logement. À la COP26 de Glasgow, il a été rappelé dans nombre de rapports d’ONG que l’alimentation est l’une des clés pour mener la transition écologique à la fois dans ses modes de production mais aussi à travers des changements de régimes alimentaires.

Les algues : une alternative écologique

Imaginer l’alimentation du futur sans y sacrifier le goût ni même la tradition, c’est le projet d' Algama. Dans un pays comme la France attaché à sa gastronomie, la tâche n’est pas simple de faire accepter dans son assiette graines, insectes et autres nouvelles sources de protéines. La jeune entreprise a choisi de concentrer ses recherches sur les algues. Pour ses qualités nutritives, écologiques et environnementales mais aussi leur extrême diversité. "Plus d’un million de variétés d’algues ont été identifiées et nous ne les connaissons pas encore toutes, il nous reste beaucoup à découvrir" s’enthousiasme le biologiste Jean Paul Cadoret, le directeur scientifique de la société.

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Jean Paul Cadoret, directeur scientifique et Thomas Felice, directeur technique chez Algama dans le le laboratoire de transformation de Malakoff
Jean Paul Cadoret, directeur scientifique et Thomas Felice, directeur technique chez Algama dans le le laboratoire de transformation de Malakoff
© Radio France - Annabelle Grelier

À travers les programmes de recherche qu’elle mène en partenariat avec le CNRS au laboratoire du Museum d’histoire naturelle au Jardin des plantes à Paris, il s’agit d’élargir nos connaissances biologiques des algues pour comprendre comment elles poussent et découvrir de nouvelles espèces. Algama a fait le choix de couvrir l’ensemble de la recherche y compris d’aider les producteurs précise Jean Paul Cadoret.

Les algues sont d’un grand intérêt écologique. Elles recyclent à elles seules 50% du C02 sur terre. Les cultiver en milieu protégé, c’est s’affranchir d’un problème de dépérissement de la mer.

Incorporer des algues dans notre alimentation présente aussi des avantages environnementaux surenchérit le cofondateur d’Algama, Gaétan Gohin.

Cultiver des algues nécessite peu de surface, peu d’eau et peu d’énergie pour avoir de bons rendements protéiques et d’autres molécules d’intérêt pour la santé comme les Omega 3.

Dans son autre laboratoire de recherche dans le Vaucluse, c’est en partenariat avec l’Université d’Avignon et l’INRAE qu’Algama étudie les propriétés et les fonctionnalités des algues et microalgues. À ce stade, il s’agit de savoir comment extraire de ces biomasses de façon naturelle les molécules d’intérêt qui composeront les ingrédients des recettes mises au point par l’équipe technique dans l’atelier de transformation à Malakoff.

Reportage dans le laboratoire - atelier alimentaire de la société spécialisée dans les algues. Par Annabelle Grelier

3 min

Innovation alimentaire

L’idée d’Algama depuis sa création en 2013 réside dans l’utilisation fonctionnelle des algues dans l’alimentation. L’algue n’est pas considérée comme un simple condiment mais comme un ingrédient qui se substitue aux ingrédients d’origine animale comme les œufs, le beurre ou encore le lait. Le but visé est d’élaborer des recettes complétement végétales sans changer ni la texture ni le goût de la recette traditionnelle nous explique Thomas Felice, le directeur technique.

Certaines algues contiennent 75% de protéines, d’autres 40% de lipides, elles vont parfaitement convenir pour monter par exemple une mayonnaise et pouvoir se substituer aux œufs ou au beurre dans la pâtisserie.

Des sauces, des brioches, des biscuits sortent déjà issus des cuisines de l’atelier de transformation et sont aujourd’hui commercialisés en marques propres développées en collaboration avec des groupes industriels.

Algama élabore des recettes de pâtisserie à base d'algues pour remplacer les œufs et le beurre
Algama élabore des recettes de pâtisserie à base d'algues pour remplacer les œufs et le beurre
© Radio France - Annabelle Grelier

Car c’est l’agro-alimentaire que vise en priorité Algama. L’objectif est de produire des aliments pour tous types de population en France et à l’étranger. Algama se positionne comme transformateur d’algues en ingrédients prêt à l’emploi.

Après trois ans de développement, Tamalga, une poudre d’algues, première née de ses productions en 2016 qui permet de remplacer les œufs dans la pâtisserie, sauce et condiments est vendue aujourd’hui aux États-Unis, au Canada et au Mexique.

Aliments du quotidien

Si le succès d’Algama est venu de la vague du véganisme, l’entreprise n’ambitionne pas moins de démocratiser la consommation des algues. Le défi est en effet de sortir les algues du marché de niche des compléments alimentaires pour en faire des produits de consommation grand public pour un usage quotidien.

une gamme de produits à base d’algues et de microalgues qui remplace l’émietté de thon et les tranches de saumon fumé considérée comme l’une des réponses aux problèmes de surpêche
une gamme de produits à base d’algues et de microalgues qui remplace l’émietté de thon et les tranches de saumon fumé considérée comme l’une des réponses aux problèmes de surpêche
- Algama

Dans l’imaginaire collectif, les alternatives aux protéines animales sont des aliments qui seraient consommés en 2050 dans une perspective de réchauffement climatique et de raréfaction des ressources s’étonne encore Gaétan Gohin.

Nous n’imaginons pas des aliments pour aller sur la Lune ou pour Thomas Pesquet. Au contraire, l’urgence climatique nous pousse à aller vite pour inventer des produits du quotidien, accessibles à tous.

Avec près d’une trentaine de brevets à son actif, Algama poursuit son développement en effet prometteur. La jeune entreprise vient de recevoir  une subvention de 2 millions d’euros dans le cadre d’un appel à projet lancé par la Commission européenne : FEAMP 2020 Blue Economy Window, dans le but de promouvoir les innovations en lien avec la préservation des écosystèmes marins. Ce financement va lui permettre de terminer la Recherche et Developpement de Seafood algternative, une gamme toujours à base d’algues et de microalgues qui remplace l’émietté de thon et les tranches de saumon fumé considérée comme l’une des réponses aux problèmes de surpêche.

Alvyn Severien et Gaétan Gohin, les deux fondateurs d'Algama
Alvyn Severien et Gaétan Gohin, les deux fondateurs d'Algama
- Algama

Impliquée dans le collectif Protéine France qui regroupe les entreprises qui promeuvent les protéines végétales et les nouvelles ressources afin de structurer une filière française, Algama cherche à passer une nouvelle phase d’industrialisation. Elle emploie 25 salariés et prévoit de doubler ses effectifs d’ici 2023. Avec la commercialisation en janvier prochain de son lait végétal, elle doit désormais s’agrandir dans une halle technique de 1 000 mètres carrés, un site intermédiaire avant de pouvoir créer sa propre usine, une bio raffinerie.